Cheval-miroir: à la rencontre de soi

Aujourd’hui j’ai eu mon deuxième cours d’équitation western. Eh oui, après 20 ans j’ai décidé de me remettre à l’équitation…

Quand ton cheval refuse d’avancer… 😅

Mon historique avec les chevaux n’a malheureusement pas été fort glorieux, ce qui fait que je m’étais totalement éloignée de mon rêve d’enfance de devenir une ‘superbe cavalière’ pour pouvoir parcourir des forêts et des plages désertiques au grand galop… (pour pouvoir ressentir une totale sensation de plénitude et liberté).


Tout a commencé vers mes 10 ans, quand j’ai fréquenté un manège pendant à peu près 2 ans. Jusqu’à ce qu’un jour, en cours collectif, mon cheval décide de partir au grand galop (perte de contrôle totale) et que mon prof a décidé de lui barrer la route en écartant ses jambes et ses pieds (position étoile de mer) droit devant lui. Ce qui fait que la petite Ana a fait un beau vol plané par dessus son cheval pour atterrir recta à l’hôpital. Rien de bien grave, juste une belle commotion cérébrale. N’empêche que je n’ai plus mis le pied à l’étrier jusqu’à mes 29 ans.


Et là, je tombe sur un homme (aujourd’hui mon mari 😍) qui adore les chevaux et qui me parle de ballades en Camargue et au Portugal. Sous le charme, je cède. Mais quasi impossible de bouger le lendemain tellement j’étais tendue tout le long! Puis vient un jour où l’on décide de faire une ballade en campagne, en Belgique. Et v’là mon deuxième vol plané au galop – heureusement en plein milieu d’un champ qui m’a réceptionné avec plus de douceur (et sans commotion). Rebelote: impossible de me faire remonter sur le dos d’un cheval… d’anciens démons remontaient en moi. J’étais tétanisée au moindre mouvement d’un cheval, même au sol.


Tout ça pour dire que j’ai décidé de faire face à mes peurs et de m’y remettre. Cette fois-ci en étant davantage consciente de mes émotions et de mes ressentis aux côtés de cet animal qui a le pouvoir d’agir sur nous comme un miroir qui ne ment jamais. Saviez-vous qu’un cheval peut ressentir votre présence et vos émotions à plus de 500m de distance? Inutile de vous dire que si vous l’approchez en trimballant un sac bien chargé en émotions ‘négatives’ (peur, stress, tracas, impatience, angoisse…), il est fort probable qu’il n’aie pas trop envie de trainer avec vous. En tant qu’animal de proie domestiqué, il conserve un très fort instinct de fuite.


C’est là que réside tout l’exercice: c’est à nous de mettre le cheval en confiance, de lui montrer que l’on sait ce qu’on veut, où on va, et de l’emmener avec nous de manière claire, douce mais déterminée.


Déjà, avec mes 46kg j’ai l’impression de ne pas exister aux côtés d’un molosse qui en fait 500kg. En plus, pour ma plus grande joie, la plupart des chevaux font très régulièrement des écarts car en tant qu’animaux de proie car le moindre bruit ou mouvement les effraye (un chien, un tracteur, le bruit du vent, des feuilles qui volent, un oiseau qui passe… la liste n’en finit pas). Sauf que contrairement à eux (qui 1 seconde après ont déjà oublié ce pour quoi ils ont eu peur), Ana elle… a du mal à se détendre et reste totalement tétanisée. Du coup, le cheval se demande ce qui se passe, pourquoi j’ai peur… et ne se sent plus en sécurité (puisqu’il a l’impression que ma peur l’avertit d’un prochain danger quelconque). Il devient nerveux et prend de nouveau peur. JOIE! Un beau cercle vicieux s’installe 😅


Le cheval est donc un formidables maître pour m’apprendre à accueillir mes émotions (les ressentir et les accepter sans énervement), tout en sachant les relâcher aussitôt afin d’éviter de rester dans une spirale de peur totalement contreproductive (petit clin d’oeil pour notre vie quotidienne, soit dit en passant). Le souci c’est que notre cerveau, lui, adoooore se faire des frayeurs en s’imaginant toutes sortes de scénarios possibles et inimaginables une fois que le cheval a fait son premier écart… ce qui fait que nous, humains, restons dans cet état de choc au lieu de relâcher, respirer et reprendre notre rôle de ‘leader’ rassurant et confiant aux yeux de notre compagnon à quatre pattes.


Conclusion de la leçon d’aujourd’hui: j’ai à m’affirmer, à prendre plus de place en agrandissant mes mouvements et mon maintien (autrement à son échelle je suis quasiment invisible!), à guider de manière claire et sans hésitation, à croire en mes capacités et à lâcher-prise.


De toute évidence ce beau programme ne s’applique pas uniquement au monde équestre… d’où la puissance de ces compagnons qui ont la capacité troublante de faire remonter à la surface ce qui est enfoui en nous-mêmes, car ils ‘appuient’ là où ça fait mal.

Une chose est sûre: si on ne s’attelle pas à notre manière d’être en relation avec nous-mêmes et avec les autres, si on ne fait jamais face à nos peurs enfouies… la vie sera généreuse et nous fera revivre les mêmes expériences (parfois très douloureuses), jusqu’à ce que l’on comprenne et qu’on intègre. Certes, parfois les cadeaux de la vie sont mal emballés. Mais il n’en restent pas moins des cadeaux. A nous de les accueillir, accepter et d’en tirer le meilleur pour continuer à grandir.


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